#lesp’titstutos #2 Comment prendre ses mesures ?

Je suis en train de travailler sur une commande de robe pour une amie qui vit au Japon. C’est-à-dire loin, loin, loin de mon petit village suisse ! Cette distance ne rend pas la tâche aisée, surtout en ce qui concerne le choix de la taille pour la dite-robe. Même si la robe est relativement simple à réaliser et pas très ajustée, comment être sûre de choisir la bonne taille de patron et de faire les bonnes modifications ? Lui demander simplement sa taille de commerce ? Cela me semble très risqué ! Impossible de lui coudre un modèle sans de vraies bonnes mesures.

Elle va donc être obligée de se débrouiller toute seule et prendre ses mesures elle-même et à distance pour que je puisse avoir une base de travail et lui réaliser une robe semi-sur-mesure.

Pour lui simplifier la tâche, je me suis attelée à la rédaction d’une petite fiche explicative « Comment prendre ses mesures ? ». En la rédigeant pour mon amie, je me suis dit que cette petite fiche pouvait vous intéresser également. Alors, je la partage.

Je n’ai pas la prétention d’avoir la science infuse sur le sujet. Je vous propose juste un concentré de ce que j’ai pu apprendre pendant mes cours de couture d’il y a quelques années, au gré de mes lectures et avec mon expérience des patrons sur-mesure et des patrons du commerce.

Pour m’assister sur ce coup-là, ma charmante assistante, Claudia (mon mannequin Cléo demi-38) a accepté de vous dévoiler ses dessous ! Avant d’attaquer la fiche technique, je voulais apporter ma contribution à ce débat tailles-mesures qui agite de temps à autre la blogo couture.

Sus à la « taille-attitude », adoptons la « mesures-attitude » !

Ce n’est pas un secret, le seyant d’un vêtement cousu main dépend avant tout d’une bonne prise de mesures. C’est donc une étape tout à fait indispensable qu’il ne faut pas négliger et réaliser avec minutie.

Je suis d’avis de les reprendre régulièrement (au moins une fois par an), car les mesures peuvent varier avec les années, et malheureusement pas toujours dans le bon sens (enfin, en ce qui me concerne :)). Je détestais quand ma mère me disait : « Tu sais, ton corps change avec l’âge…. » Rrr ! Mais en fait, elle a raison. Je prends mes mesures régulièrement depuis 2007 et j’ai pu constater des évolutions de plusieurs centimètres, notamment sur les tours de poitrine et des hanches. Et pourtant, je n’ai pas encore eu d’enfants. Oups.

Par ailleurs, les mesures changent d’une marque de patrons à l’autre et à mon sens, cela ne sert à rien de se fixer sur sa taille du commerce.

Si vous me permettez de me prendre en exemple, dans le commerce, je peux acheter des vêtements qui me vont du 40 au 44 en fonction des marques et des types de vêtements. Pour les hauts, ce sera du 40 et pour les bas, plutôt du 44. Pour les vêtements que je me couds, en fonction des marques de patrons, j’oscille entre le 40 pour la taille, le 42 pour la poitrine, le 44 voir le 46 pour les hanches… A chaque nouvelle marque de patrons que j’essaie, je reprends mes mesures afin de choisir la meilleure taille de départ pour ma toile, et ensuite seulement, je me lance.

Les tailles des vêtements du commerce mais aussi celles des marques de patrons sont fixées en fonction de standards, de mesures type alors que nous sommes tous faits de manière différente. Difficile dans ce cadre d’avoir une seule et même taille gravé dans le marbre ! Et de ne jamais-jamais-jamais faire aucune modification sur un patron… Ou alors, si, si vous avez un corps parfaitement « standard », ce qui est plutôt rare, vous en conviendrez.

Depuis quelque temps, j’ai adopté la « mesures-attitude » plutôt que la « taille-attitude ». J’ai oublié ma taille psychologique (bye bye 38/40 que je ne ferais probablement plus jamais…), je fuis les pensées inutiles du type « j’aimerais tellement re-rentrer dans du 36, comme quand j’avais 15 ans !! » et j’arrête de m’empoisonner la vie avec tout ça. Et depuis, vous ne pouvez pas savoir comme je me sens soulagée et libérée. Je suis aujourd’hui un 40-42-44-46 heureuse et décomplexée.

Quelles mesures de base doit-on prendre en compte pour choisir sa taille sur un patron ?

Revenons-en à la prise de mesures. Donc, pour attaquer un patron du commerce et choisir sa taille, trois mesures reviennent systématiquement et sont incontournables : le tour de poitrine, le tour de taille et le tour de bassin ou de grandes hanches.

Après avoir cousu de nombreux modèles sur-mesure à partir de mon patron de base et avoir essayé quelques marques de patrons du commerce, je me permettrais de rajouter deux mesures qui me semblent absolument indispensables, surtout quand on a de la poitrine (ce qui est mon cas !) et qu’on n’a pas les seins au menton comme les petites jeunes de 20 ans : la hauteur de poitrine et l’écart de poitrine. Sur chaque patron du commerce, je suis systématiquement obligée de déplacer (en hauteur et latéralement) les pinces poitrines pour qu’elles collent parfaitement à ma poitrine. Et rien de pire visuellement que des pinces poitrine mal placées sur un vêtement : bouh, c’est pas beau ! Et ce serait franchement dommage de se priver de ces modifications, car les pinces sont justement là pour dessiner joliment la poitrine. Cela ne vaut évidemment que pour les modèles avec pinces poitrine. Pour les modèles sans pinces, ces deux mesures ne sont pas indispensables.

Evidemment, à ces mesures, vous pouvez en rajouter une multitude d’autres, notamment la longueur des bras. J’ai vu avec plaisir apparaître cette mesure sur les patrons de Géraldine, la créatrice de République du chiffon. Beaucoup de marques de patrons indiquent également les mesures du vêtement fini, ce qui est très pratique pour comparer avec son propre corps et ajuster le vêtement au plus près de sa morphologie. Mais disons que ces mesures, quoique très utiles, ne sont pas fondamentales dans la construction d’un patron, et donc dans ces modifications éventuelles. Donc, j’ai choisi de ne pas les prendre en compte dans ma fiche technique.

Pour celles et ceux qui voudraient creuser le sujet, voici deux excellents articles concernant la prise de mesure et les tailles de patrons du commerce :

Fiche technique « Prise de mesure »

(c) UPEH Mesures

On rassemble le matériel nécessaire :

  • un mètre-ruban souple gradé en centimètres ou en inch si vous êtes adeptes des patrons anglo-saxons,
  • un bout de ficelle, de laine, de bolduc ou de ruban d’au moins un mètre,
  • une bonne âme pour vous aider !

On se met dans la bonne position

Pour commencer, on se détend, ça fait pas mal et c’est vite expédié. 3 minutes top chrono. On s’installe dans une pièce chauffée. Si vous avez quelqu’un pour vous aider à portée de main (un mari, une copine…), c’est mieux surtout pour les premières prises de mesures. Ça évite de fausser le résultat quand on se penche ou qu’on se tort pour regarder le mètre-ruban. Au pire, si vous n’avez personne sous la main, positionnez-vous devant une glace où vous pouvez vous voir en entier.

Première chose ultra-importante, on ne prend pas ses mesures sur ses vêtements ! Ça paraît bête, mais je me permets de la rappeler car je l’ai déjà vu faire… Il faut les prendre déshabillé, sur les sous-vêtements, car les mesures pourraient être faussées avec l’épaisseur des vêtements. A la limite, en débardeur et leggings ultra moulants si vous êtes pudique ou super frileuse.

On se met donc en sous-vêtements, et surtout, on garde son soutien gorge. Le soutien-gorge est hyper important et déterminant : c’est lui que vous portez sous vos vêtements au quotidien et qui met la poitrine en forme. La mesure de la poitrine ne sera pas la même avec ou sans soutien gorge. Pour ma part, je fais 100 sans et 96 avec. Parfois, les mesures ou le fit d’un vêtement peuvent même légèrement évoluer en fonction du soutien-gorge. Choisissez donc celui que vous portez le plus régulièrement et qui vous va le mieux.

On se tient droite mais sans être crispée. Pas courbée ou droite comme un piquet. Une position naturelle debout, détendue. Les jambes tendues, deux doigts d’écart entre les pieds (comme dirait mon prof de yoga pour une salutation au soleil !). Les bras détendus le long du corps. On ne lève pas les épaules aux oreilles, on reste tranquille et c’est parti !

On mesure !

Cinq mesures (dont deux pour les modèles ajustés avec pinces poitrine) sont fondamentales pour la réalisation d’un vêtement semi-sur-mesure au fit parfait :

  • Le tour de poitrine,
  • Le tour de taille,
  • Le tour des grandes hanches (à ne pas confondre avec les petites hanches, qui se trouvent juste en dessous du nombril),
  • l’écart de poitrine,
  • La hauteur de poitrine.

Sans titre 1(1) Tour de poitrine // Positionnez le mètre-ruban bien parallèle au sol autour de la poitrine. Rebaissez les bras pour le maintenir bien droit et parallèle, sans serrer. Il doit passer sur les deux pointes de sein, ni au-dessus, ni en-dessous. Prenez la mesure.

(2) Tour de taille // normalement, il faut prendre la mesure du tour de taille à l’endroit le plus fin du buste. Oui, mais elle est où exactement la taille ? Une technique pratique pour la repérer consiste à nouer un ruban, un élastique fin, une ficelle, un bolduc, un bout de laine, enfin ce que vous voulez, à l’endroit le plus fin et de mesurer ensuite. Rien ne sert de serrer comme une forcenée, il faut quand même pouvoir respirer… Restez relax et prenez la mesure.

(3) Tour de grandes hanches // Aïe, c’est la mesure que je déteste le plus, car c’est elle qui m’indique si j’ai grossi ou pas ! Quelques kilos sur la balance après les fêtes et paf, quelques centimètres de plus autour des hanches ! Shit. Depuis 2007, c’est la mesure qui a le plus évolué en passant de 104 à 111 pour me maintenir aujourd’hui à 108/109. Ce qui est beaucoup trop me concernant, mais ça, c’est un autre sujet. C’est aussi la mesure la plus compliqué à prendre : ce n’est vraiment pas facile de repérer où se trouve les hanches et sa hauteur varie en fonction des personnes…

Contrairement à la taille, il s’agit ici de prendre la mesure à l’endroit le plus fort. Je vous vois venir, oui, oui, on prend en compte aussi la culotte de cheval !!! S’il y a une mesure où il faut absolument se faire aider, ce serait celle-la. On positionne le mètre-ruban bien parallèle au sol, autour de l’endroit le plus fort. Vous croyez que je vous ai pas vu serrant les fesses pour gagner un ou deux centimètres ? C’est bizarre, c’est comme un réflexe naturel. Nonnonon ! On se détend, on desserre les fesses et on accepte le verdict sereinement. On prend la mesure et on va noyer son chagrin dans l’alcool… Mouah-ha.

Prise de mesures 2(4) Hauteur de poitrine // Il s’agit de mesure la distance entre la base du cou et la pointe de sein. Cette mesure vous donnera une indication pour ajuster la hauteur de vos pinces poitrine. Je dis bien « indication » car cette mesure peut être difficilement repérable sur un patron du commerce. Seule une toile pourra vous permettra de vérifier la vraie hauteur de votre ligne de poitrine. Disons que dans mon cas de commande de robe pour une personne à qui je ne peux pas faire de toile, cela m’a beaucoup aidé pour voir que la ligne de poitrine sur sa taille était bien à la bonne hauteur. Appliquez le mètre-ruban entre les deux points et prenez la mesure.

(5) Ecart de poitrine // Littéralement la distance entre les deux pointes de sein ! Cette mesure vous sera utile pour déplacer latéralement les pinces sous poitrine si besoin.

Dans les semaines à venir, je vous prépare un autre tuto sur le bon positionnement des pinces poitrine pour vous faire part de mon expérience-j’ai-plus-les-seins-au-menton-malheureusement.

Ayé, le calvaire est terminé, vous pouvez vous rhabiller !

—–

J’espère que ce p’tit tuto vous a plu !

En tout cas, n’hésitez pas à commenter et à partager vos trucs et astuces sur la prise de mesure, c’est toujours utile.

Bonne couture et à tout bientôt,

LouiseD

18 réflexions sur “#lesp’titstutos #2 Comment prendre ses mesures ?

  1. Merci beaucoup c’est très clair, ça remet les idées bien en place, et en plus avec de l’humour, j’aime beaucoup ! 😉
    Je suis justement en train de travailler sur moi pour cette histoire de ressenti taille vs mesures… pas toujours facile quand on est à la limite des tailles standard et que ça augmente régulièrement… Mais coudre mes vêtements me permet justement de mieux accepter mon corps. Là où avant je me disais en magasin « et merde je ne rentre pas dedans cette robe ! », maintenant j’essaie plutôt de me dire « comment est-ce que je pourrais adapter ce patron pour que cette robe m’aille parfaitement ? » Et ça change pas mal de chose pour l’estime de soi je trouve ! Je suis en chemin ! En tout cas j’attends avec impatience ton article sur les pinces poitrine, parce que je suis ultra concernée et je ne sais pas quoi faire la plupart du temps !

    J’aime

    • De rien ! Contente que cela t’ait plu. J’avoue que cela m’a vraiment pris la tête pendant longtemps, cette histoire de taille, jusqu’à ce que je découvre la couture (et surtout le modélisme) il y a 10 ans. Depuis, je m’accepte beaucoup plus : je vois mon corps évoluer. Pour les vêtements du commerce, c’est un peu la loterie mais comme j’ai très peu acheté de vêtements (à part des méga basiques en jersey) depuis 1 an, je ne sais plus trop !

      J’aime

  2. J’aime beaucoup ta philosophie que j’applique moi-même, certes dans une moindre mesure. Par « moindre mesure » il ne faut pas comprendre que mes mesures sont moindres que les tiennes (bien au contraire) mais je n’ai pas encore franchi le cap du patron sur mesures. Par contre, la couture m’a amenée à ne plus me focaliser sur les chiffres (taille, et même poids), seulement sur le rendu de la silhouette. Si je peux trouver déprimant de rentrer dans un 46 du commerce, bizarrement ça ne me fait rien de tracer un patron en 46. Curieux, non ?
    http://byanhor.canalblog.com

    J’aime

    • Tellement d’accord avec toi ! ça fait tellement du bien de se libérer de cette problématique « taille » et la couture m’a beaucoup aidé à accepter mes rondeurs. Vive la couture et vives les mesures 😉 Belle journée à toi.

      J’aime

  3. merci pour ce partage qui me fait prendre conscience de toutes mes erreurs
    ma couture c est prendre la taille du commerce , je pique tout et j essaie quand c est terminé
    inutile de dire qu a chaque fois c est la grosse décèption , je peste contre les patrons , ça soulage !!!!!!
    j ai l’ impression de perdre mon temps a faire une toile
    au final : les vetements ne sont jamais portés et s entassent dans l armoire
    il me faut absolument me discipliner : dès ce soir je prends mes mesures
    je prends ta philosophie concernant mes rondeurs ( gros travail sur moi-meme !!!!!!!!!

    a ma décharge je n ai pas de mannequin

    j ai decouvert ton blog depuis peu : j adore

    J’aime

    • Ah ouais, c’est sûr qu’avec cette méthode, la déception doit être souvent au rendez-vous. C’est vrai que l’étape toile paraît fastidieuse et relou (soyons claires), mais c’est tellement utile, surtout quand tu n’es pas dans les clous des tailles standards ! Cela permet vraiment de moins se planter et de faire les modifications qui vont bien pour porter vraiment les vêtements qu’on se fait. J’en fait systématiquement depuis que j’ai essuyé des échecs cuisants et caché de belles étoffes… Et cela m’a vraiment appris au fur et à mesure à pister les coupes et les modèles qui correspondront à ma morpho. Et je suis heureuse que le blog te plaise : ça fait du bien, ces messages de soutien. Belle journée à toi.

      J’aime

    • De nada 😉 La mesure des grandes hanches est vraiment compliquée à prendre, car difficile à repérer. Il faut se focaliser sur deux points : l’endroit le plus et le mètre bien parallèle au sol. Belle journée à toi.

      J’aime

  4. Bonjour!
    Je suis tombée sur ton blog en cherchant des comparatifs de patrons de chemises pour femme et je me réjouis d’avoir atterri ici! Ce tuto est passionnant et écrit avec un ton délicieux… Merci beaucoup pour ce super boulot!

    J’aime

    • Merci beaucoup pour ton commentaire, qui m’a fait grand plaisir ! De rien, je suis heureuse de pouvoir partager cela avec vous. Concernant les patrons de chemises, je vais publier prochainement une revue de patrons détaillée sur les patrons de chemises, justement, et aussi une review sur la Granville de Sewaholic. Stay tuned 🙂 Belle journée !

      J’aime

N'hésitez pas à commenter, je ne manquerais pas de vous répondre !