« Affaire Aime comme Marie » : mon ressenti, mes conclusions

Chers lectrices et lecteurs de ce blog,

L’objectif de mon article du jour n’est pas de relancer la polémique ou même de faire la chasse aux sorcières. Je voulais juste vous faire part de mon opinion de cliente et de consommatrice de patrons indépendants quant à l’affaire « Aime comme Marie » et partager avec vous les conclusions que j’en ai tirées.

Quand l’affaire est revenue sur le devant de la scène fin mars et que certaines bloggueuses ont été inquiétées et sommées par courrier d’avocat de retirer leurs articles et de tailler dans leurs commentaires, j’avais choisi de ne pas m’exprimer ici ou sur les réseaux sociaux sur ce nouveau chapitre de cette histoire aux multiples rebondissements. Je n’ai pas voulu non plus modifier l’article que j’avais rédigé fin janvier sur la chemise Mythique, celui-ci ne me paraissant pas diffamant à l’égard de la marque et de sa créatrice (je l’ai relu au moins 50 fois).

Mais quelques nouveaux rebondissements (l’affaire des tissus) ou des marques de soutien « public » et dénuées de sens, dont celles que je ne m’explique toujours pas de l’une de mes boutiques préférées la Droguerie, m’ont mis un coup de massue sur la tête et depuis quelques jours, je suis triste, en colère et indignée.

Pour ne rien vous cacher, j’avais un avis plutôt contrasté et mesuré sur toute cette polémique : je n’arrivais pas à me faire une opinion claire, précise et surtout définitive. Même si j’étais peinée de voir la communauté couture coupée en deux, je voulais simplement continuer mon petit bonhomme de chemin et puis, oublier cette histoire, ne pas prendre position publiquement, passer à autre chose. Il y a avait encore le bénéfice du doute, la potentielle réaction des éditions de saxe ou de Burda… Et puis, les insultes et les jugements à l’emporte-pièce qui ont fusé dans tout le sens avaient fini de m’écœurer.

Mais aujourd’hui, avec le retrait de la vente des deux patrons questionnés fin janvier sans AUCUNE explication de la marque, je n’arrive pas à rester silencieuse, à garder tout ce que je ressens aujourd’hui pour moi et à ne pas le partager avec vous. Je n’arrive pas non plus à me dire que tout cela n’est pas grave et à faire comme si cela n’existait pas.

Car, en fait, si, je crois que toute cette histoire est GRAVE : ce dont il s’agit ici, c’est de ma passion non dénuée de sens ni anodine, qui m’anime quotidiennement, qui occupe une très grande partie de mon temps, de produits (patrons, tissus) auxquels je consacre une grande partie de mon budget, mais surtout, surtout de la CONFIANCE que je mets dans les créatrices de patrons indépendants pour me proposer un produit testé, abouti et professionnel.

Quand j’achète un patron indépendant, j’achète aussi un univers, un certain contact avec la créatrice (j’ai l’impression qu’elle m’explique, qu’elle parle, qu’elle va m’aider dans ma réalisation au travers de ses explications), un lien, une communauté, des valeurs. Aujourd’hui, je couds beaucoup et je n’achète pratiquement plus de vêtements dans le commerce : c’est une vraie démarche personnelle, une volonté de mieux consommer, de me vêtir de manière plus durable, plus responsable. Les créatrices indépendantes (désolée pour le féminin, mais elles sont quand même en majorité) m’ont aidé peu à peu à penser, à élaborer, à me lancer dans cette démarche.

J’étais cliente de la société Aime comme Marie, je lui ai acheté 3 patrons, Mythique, Mine de rien et Miss. A vrai dire, sans a priori aucun (j’ai découvert les patrons indépendants et la blogo couture il y a un an), j’aimais bien cette marque jusqu’à mi-janvier, et ce malgré mes premières expériences pas forcément heureuses avec les patrons Aime comme Miss et Aime comme Mine de rien. Les coupes étaient simples, basiques, peu adaptées à ma morpho mais cette marque me paraissait a priori sérieuse. J’appréciais également l’énergie de sa créatrice (je suivais avec intérêt ses outfits quotidiens ou ses projets tricots sur Instagram) et je me serais bien laisser tenter par un tissu ou deux (dont celui avec les ananas dont j’avais même fait la promotion sur ce blog lors de sa sortie).

Mais, outre le fait qu’en réalisant la Mythique, j’ai été super agacée de voir que les explications de cette chemise réalisée par la blogo entière depuis 2 ans et demi étaient toujours truffées d’erreurs pour un patron relativement cher, en tant que cliente, je me suis sentie méprisée et meurtrie par la réaction de cette société ces dernières semaines :

  • aucune réponse valable et argumentée de la part de la marque au sujet de la polémique sur les deux patrons questionnées fin janvier,
  • aucune « vraie » communication (communication dans le sens interaction avec les clientes) sur le sujet,
  • opacité sur les procédés de fabrication et les processus de création des patrons et des tissus,
  • aucune considération à l’égard des clientes,
  • aucun geste commercial à l’égard des clientes flouées (dont je fais partie),
  • manque de transparence totale,
  • modération à outrance des commentaires,
  • sortie “l’air de rien” d’un nouveau patron de chemise pour femmes en plein coeur de la crise (le même patron que Mythique, mais avec des pinces en plus sur le devant et dans le dos…),
  • retrait des deux patrons incriminés de la vente sans aucun mot d’explication de la part de la marque,
  • blocage sur Instagram (je suis bloquée par le compte “Aime comme Marie” depuis mi-mars – manifestement, souligner des erreurs dans les explications d’un patron n’a pas beaucoup plu à la créatrice…),
  • techniques d’intimidation envers des bloggueuses par l’intermédiaire de courriers d’avocat sans essayer de régler l’histoire en direct et de manière transparente.

Certes, la marque et sa créatrice ont le droit de se défendre devant ce qui est qualifié de « déferlement » et qu’une insulte quelle qu’elle soit n’a pas lieu d’être dans un tel débat (je condamne ceux et celles qui l’ont fait, car c’est archi nul et cela ne règle rien), mais n’y avait-il pas d’autres moyens, plus transparents, moins sujets à caution et qui auraient complètement levé le doute que de faire appel à un avocat et de continuer son business en faisant comme si de rien n’était ?

En tout cas, pour ma part et même en l’absence de réactions publiques des Editions de Saxe (EDIT du 12 avril 2015 : je n’avais pas compris qu’il y avait eu une réaction des Editions de Saxe dont vous pouvez prendre connaissance sur la page 71 du topic « Plagiat » de Thread & Needles ici / cette réaction non publique n’explique pas à mon sens le fait que la société Aime comme Marie est retirée de la vente ces deux patrons phares de sa collection sans aucune explication) ou de Burda, mon opinion est aujourd’hui faite et elle implique quelques décisions et/ou modifications sur ce blog :

  • Mon article et ses commentaires sur la chemise Mythique restent disponibles sur le blog (pour le moment, personne ne m’a demandé de le retirer). J’ai simplement réécrit l’intro. Vous le trouverez ici.
  • Je n’achèterais plus de patrons ni de tissus de cette marque, les façons de faire de cette société ne correspondant pas à mes valeurs personnelles, ni à ma démarche de construire une garde-robe fait-main durable et responsable. Ce n’est pas de la diffamation ou de l’appel au boycott, c’est une décision qui n’implique que moi et cet espace qui est le mien. C’est comme de décider de ne plus aller chez H&M parce que cette marque ne correspond pas à mes valeurs (ce que j’arrive à faire depuis plusieurs mois maintenant).
  • Je n’en ferais plus jamais la promotion sur mon blog ou sur les réseaux sociaux : avec le fait de ne plus acheter de produits de cette marque, je crois que c’est encore le seul « mini pouvoir » qui me reste aujourd’hui et je crois que personne ne peut me le retirer.
  • Je n’oublie pas non plus que je me suis retrouvée bloquée sur Instagram alors même que j’ai une influence réduite au sein de la communauté et que je n’avais à vrai dire rien fait de mal si ce n’est souligner des erreurs dans les explications d’un patron… Relativisons tout de même ! J’ai entrepris également de la bloquer de mon compte.
  • Je continuerais à coudre des patrons de marques indépendantes et à en faire la promotion mais en sélectionnant les marques pour leur sérieux et leur transparence sur leurs procédés de création. Avant l’achat de tout nouveau patron d’une marque que je ne connaitrais pas, je consulterais attentivement les « A propos » pour voir ce qu’il en est pour faire un acte d’achat éclairé et qui est en adéquation avec ma démarche.
  • Mes reviews de patrons que vous pourrez lire ici seront les plus objectives possibles et souligneront les défauts et les erreurs si tel est le cas. Les créateurs / créatrices seront informé(e)s d’éventuelles erreurs pour correction.
  • Je réfléchis à la rédaction d’une charte que je publierais ici dans mon « A propos » pour chaque lecteur de ce blog soit informé de ma démarche, même si cela peut paraître pompeux ou “trop sérieux” alors que ce n’est que de la couture. Toute cette histoire m’a montré qu’en fait même la couture amateur est un sujet sérieux avec lequel on ne rigole pas (ou plus). Ça peut aller jusqu’aux menaces judiciaires tout de même 😉

Je comprendrais aisément que vous ne soyez pas d’accord avec moi. Je me ferais un plaisir de vous répondre via les commentaires si vous vouliez réagir, tant que cela reste dans la limite du raisonnable. Chacun a évidement le droit de penser ce qu’il veut et heureusement, nous sommes dans un pays où la liberté d’expression a encore une certaine valeur. Enfin, j’espère !

Ne voyez pas autre chose dans ce billet qu’un cri du coeur de consommatrice, un avis totalement personnel ou un « Il fallait vraiment que ça sorte !!! » avant de clore définitivement ce chapitre.

Sur ce, je vous souhaite un bon week-end.

LouiseD, une consommatrice désormais éclairée

 

33 réflexions sur “« Affaire Aime comme Marie » : mon ressenti, mes conclusions

  1. Très bon résumé de ce que je ressens également (la réaction de la Droguerie m’étonne et m’attriste encore…)… Et j’approuve complètement la démarche de charte.
    Ce qui m’attriste le plus dans cette histoire c’est que ça tue la légèreté qu’il y avait dans la couture… J’aimais quand la couture n’était pas un sujet sérieux justement… :/
    Pour ma part je n’ai pas été bloquée par ACM sur Instagram (un blog privé et non référencé donc aucune influence!) mais je me suis désabonnée ainsi que de Motif Personnel… Question d’éthique!
    Et sinon, y aura-t-il un second épisode du podcast? Le premier était chouette! 🙂

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    • Merci pour ton message ! Ah oui, la légèreté s’est pris une jolie baffe dans la gueule avec cette histoire. Mais quelque part, ça remet aussi les idées en place, ça permet d’affiner ses choix et d’être éclairée dans ses actes de consommation. Finalement, même si cette histoire a été compliquée et difficile à vivre (j’avoue que cela m’a vraiment beaucoup affecté – plus que de raison sûrement), j’en sors grandie et confiante ! Yes, le deuxième épisode du podcast sera pour la semaine prochaine… Enfin, j’espère ! Et merci pour ton message et ton soutien 😉

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  2. Heu désolée pour le double commentaire! Je croyais que le premier n’avait pas marché… Tu peux supprimer le second du coup (et celui-ci) pour ne pas faire doublon… Désolée! :/

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  3. Ça a l’air de fonctionner, merci! C’est bien la première fois que je demande à être modérée 🙂
    Je te confirme donc que je suis tout à fait d’accord avec ton post et que nous avons fait le même cheminement par rapport à cette marque… Les bonnes nouvelles étant que 1) je dépenserai mieux mon argent et 2) j’ai découvert ton blog et Instagram que je trouve très très chouette!

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  4. C’est vraiment ce que je ressens. Je me suis désabonnee des son IG et de sa newsletter, comme de plusieurs de ses amies et de la droguerie. Comme tu le dis si bien, c’est notre petit pouvoir… Cette histoire m’a permise de connaitre ton blog. Bon we.

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  5. je suis tout à fait d’accord avec toi, plus de patrons ne de tissus de cette marque chez moi
    et y’a pas photo avec les patrons de certaines créatrices toutes très pro (Pauline Alice, République du Chiffon, Ivanne Soufflet entre autres…)

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  6. Ta démarche est dans la logique pour moi. Je n’ai rien dis car pas envie mais je me suis désinscrite depuis janvier de son compte instagram. Je n’avais acheté que 3 patrons en pdf, mais je me sens trompée également. En plus, j’étais passée la voir à sa boutique (à côté de mon boulot !). J’avais été déçue par sa boutique car il n’y avait RIEN, une pochette de patron par ci par là, pas de modèle exposé, des babioles certes mais pas grand chose alors qu’elle fêtait les 1 an de sa boutique, je crois !!! Bon week-end.

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  7. Je te suis aussi dans ta démarche, je n’ai pas non plus apprécié les méthodes de la marque Aime comme Marie. Comme l’ont dit plusieurs couturières, si elle avait communiqué plus honnêtement dès le début et sans prendre ses clientes pour des truffes on n’en serait pas là et elle aurait eu bien moins de publicité négative. Merci d’avoir joliment mis en mots mon sentiment !

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  8. Merci pour cet article, j’aurai pu l’écrire moi-même tellement il reflète exactement ce que je pense de tout ça. J’ai rencontré Marie « en vrai » il y a 2 ans environ alors que je faisais des photos de son atelier pour un projet perso. Je commençais à peine la couture, et ses patrons simples et basiques m’ont permis d’apprendre pas mal au début. Mais aujourd’hui, je me sens juste trahie. j’ai l’impression de m’être fait avoir. Son attitude me dégoûte, mais ne m’étonne pas plus que ça. C’est une fille qui vient du marketing et de la comm, dont elle maîtrise parfaitement les rouages. Ça s’est très bien vu d’ailleurs sur sa première réaction suite aux accusations, lorsqu’elle a publié son article sur le mode de fabrication des patrons et les « valeurs » de sa marque. Un cas d’école dans la communication de crise!
    Bref, tout ceci est bien dommage, et perso j’ai un peu la même démarche que toi. Il est bien évident que je n’achèterai plus ses patrons et surtout je n’en ferai plus jamais mention sur IG ou ailleurs. J’hésite même à retirer les articles concernant ses patrons sur mon blog. D’ailleurs tout ça me fait aussi réfléchir à toute cette pub gratuite que nous faisons grâce aux hashtags et aux blogs. Je vais bien choisir à qui j’en fait maintenant!!

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    • Merci pour ton message et ton soutien ! Et oui, toute cette histoire est vraiment… pfiou… affligeante ! Bref. Et je suis bien d’accord avec toi sur le « soutien » que nous apportons aux marques de patrons, aux éditeurs en ligne et aux merceries en ligne… toute cette histoire aura eu le mérite de nous faire réfléchir à tout ça. Belle journée à toi.

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  9. Tout est tellement juste dans ce que tu dis! Je suis écoeureé par ce monde couture, qui est tellement semblable au monde réel.. J’aimais la légèreté et le rêve qu’il en découlait… mais il est au final important de relayer tout ça.. pour que ça puisse continuer un peu

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    • Merci Julie pour ton commentaire et ton soutien. Oui, difficile de retrouver de la légèreté après toute cette histoire. Même Cela remet bien « les idées en place », le plaisir de la couture est toujours bien présent mais plus juste et plus éclairé. et finalement, ça fait du bien. Belle journée à toi !

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  10. Je suis tout à fait d’accord avec ce que tu as écrit. Cette histoire m’écœure au plus au point. Le problème du plagiat n’est déjà pas joli, mais alors les réactions de cette entreprise c’est vraiment se moquer ouvertement de ses clientes. Je lorgnais sur le tissu ananas, mais je ne vais plus donner 1 centime à cette marque. Mais le point positif, c’est que toute cette histoire aura fait prendre conscience à pas mal de couturière que nous sommes responsables en achetant à tel ou tel marque.

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  11. Au détour de blogs de couture je tombe sur le vôtre (et ça ne fait pas mal, juste du plaisir 🙂 )
    Histoire ubuesque, et qui malgré tout ne me surprend pas tant que cela…. J’avais rencontré ladite dame lors d’un premier et dernier cours de couture sur Paris, et pas accroché avec le personnage… feeling je me suis dis. Et puis j’ai recherché pourquoi tout cela (le non feeling)… eh bien en fait à ce moment là je n’avais déjà ressenti que le besoin et l’envie du profit (tissus acheté par ma pomme sur place pour coudre, et les chutes…. ramassées par la dame, ce n’est pas grand chose mais m’a « choqué »), quant à l’accompagnement couture, même si je savais un peu coudre, elle m’a laissé en plan en allant discuter en dehors de la salle, et me disant « pkoi êtes vous là ? » Ben… cours avec surjetteuse, apprendre à se servir d’une Surjetteuse quoi…pas le droit ?… J’ai payé un cours et je n’ai eu que… le prêt de la machine en gros… Alors, certes je viens de déborder du sujet pur patron, mais il y a un ensemble dans tout, c’est la première fois que je m’exprime et… votre article met les points sur les I de manière claire sans polémique. Vous avez votre avis, ceci est votre blog, alors continuez 🙂 Cousez brodez équitable, régalez vous et oubliez les mauvaises rencontres.
    Belle semaine à vous

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  12. Je suis tombée par hasard sur cette article et je suis entièrement d’accord avec vous et tous les commentaires. J’ai acheté un seul patron de la marque et le taillant n’était pas au top du tout, j’ai tout modifié. J’avais envoyé des emails avant d’acheter ce patron. Tout ça est bien dommage et triste. Très bon week end

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  13. Pingback: Envol en auto-hébergé

  14. J’ai découvert la polémique… Il y a 48h!!! Dommage, un « Aime comme Moucharabieh » est arrivé avant hier dans ma boîte… Bon, il a le mérite d’être original, je me console en me disant que je fais vivre aussi beaucoup d’autres créateurs-trices! Mieux regarder avant de commander 😉 Merci pour ton blog et pour IG! Top!

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